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Walter Benjamin sur le verre et l’architecture

En décembre 1933, Walter Benjamin publie dans le journal pragois Die Welt im Wort l’essai très cité « Erfahrung und Armut » [« Expérience et pauvreté »].
[« Expérience et pauvreté »]. Pour Benjamin, l’énorme développement technologique apporté par la modernité signifie que l’expérience ne peut plus être un moteur pour l’avenir, ce qui entraîne une « pauvreté de l’expérience ». En utilisant les idées de Paul Scheerbart comme une lentille pour lire l’architecture moderne, Benjamin soutient que le nouveau monde moderne a besoin d’environnements intérieurs dans lesquels on ne peut laisser aucune trace, en opposition à la fixation du XIXe siècle sur le confort qui a encouragé la mélancolie et empêché la mobilité et le changement. Le verre, un matériau sans « aura », avait donc un pouvoir considérable pour contrer le cocon.

Republié dans le recueil des écrits de Benjamin (Gesammelte Schriften, II, pp. 213-219), le texte est présenté ici dans une traduction anglaise de Rodney Livingstone.

Expérience et pauvreté
Walter Benjamin

 » (…) Pour en revenir à Scheerbart : il accordait la plus grande importance au fait de loger son « peuple » – et, suivant ce modèle, ses concitoyens – dans des bâtiments adaptés à leur condition, dans des habitations couvertes de verre, modulables et mobiles, du type de celles construites depuis par Loos et Le Corbusier. Ce n’est pas un hasard si le verre est un matériau si dur, si lisse, auquel rien ne peut être fixé. C’est aussi un matériau froid et sobre. Les objets en verre n’ont pas d' »aura ». Le verre est, en général, l’ennemi des secrets. Il est aussi l’ennemi de la possession. Le grand écrivain André Gide a dit un jour : « Tout ce que je veux posséder m’est opaque. »

Les gens comme Scheerbart rêvent-ils d’immeubles de verre parce qu’ils sont les porte-parole d’une nouvelle pauvreté ? Mais une comparaison révélera peut-être plus que la théorie. Si vous entrez dans une chambre bourgeoise des années 1880, malgré tout le confort qu’elle dégage, l’impression la plus forte que vous recevez pourrait bien être : « Vous n’avez rien à faire ici. » Et en fait, vous n’avez rien à faire dans cette pièce, car il n’y a aucun endroit sur lequel le propriétaire n’a pas laissé son empreinte – les ornements de la cheminée, les antimacassars des fauteuils, les transparences des fenêtres, l’écran devant la cheminée. Une belle phrase de Brecht nous aide ici : « Effacer les traces ! » est le refrain du premier poème de son Lesebuch für Städtbewohner [Lecteur pour citadins]. [Reader for City-Dwellers]. Ici, dans la chambre bourgeoise, le comportement inverse est devenu la norme. Et inversement, l’intérieur oblige l’habitant à adopter le plus grand nombre possible d’habitudes – des habitudes qui rendent plus justice à l’intérieur qu’il habite qu’à lui-même.

C’est ce que comprennent tous ceux qui connaissent l’attitude absurde des habitants de ces appartements cossus lorsque quelque chose se casse. Même leur façon de manifester leur agacement – et cet affect, qui commence peu à peu à s’éteindre, ils savaient le produire avec une grande virtuosité – était avant tout la réaction d’une personne qui avait le sentiment que quelqu’un avait effacé « les traces de ses jours sur terre. » C’est ce qu’ont fait Scheerbart, avec son verre, et le Bauhaus, avec son acier. Ils ont créé des pièces dans lesquelles il est impossible de laisser des traces. « Il résulte de ce qui précède, déclarait Scheerbart il y a vingt ans, que nous pouvons certainement parler d’une « culture du verre ». Le nouveau milieu de verre va transformer l’humanité de fond en comble. Et maintenant, il ne reste plus qu’à souhaiter que la nouvelle culture du verre ne rencontre pas trop d’ennemis. » (…) »

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