article
Si la fenêtre coulissante horizontale était relativement peu utilisée dans l’architecture occidentale jusqu’à présent, les éléments coulissants sont une constante de l’architecture traditionnelle japonaise. En fait, le système de poteaux et de poutres en bois japonais offre une grande liberté pour l’organisation et la relation des espaces, améliorée par l’utilisation de cloisons composées de panneaux coulissants amovibles. En conséquence, les divers compartiments intérieurs deviennent facilement un grand espace fluide et indifférencié. Leur application dans le périmètre extérieur, en revanche, permet à la façade de s’ouvrir, favorisant ainsi une fusion entre l’intérieur et l’extérieur. L’utilisation de panneaux coulissants composés d’une structure en bois – shōji et fusuma³⁴ – dont le remplissage était fait de papier de riz ou de tissu – permettant aux gens de voir dehors lorsqu’ils sont ouverts et d’admettre uniquement la lumière lorsqu’ils sont fermés – est donc devenue très populaire. Les vitres n’ont commencé à être introduites qu’à la fin du XIXe siècle³⁵. Frank Lloyd Wright, profondément influencé par l’architecture japonaise³⁶, s’est intéressé à ces éléments, qu’il a décrits dans son Autobiographie.³⁷ Dans son travail, il a adopté l’utilisation de longues bandes de Frank Lloyd Wright, profondément influencé par l’architecture japonaise³⁶, s’est intéressé à ces éléments, qu’il a décrits dans son Autobiographie.³⁷ Dans son travail, il a adopté l’utilisation de longues bandes de fenêtres dès les Prairie Houses à Chicago (1893-1910), car cette disposition permettait une grande relation entre les espaces intérieurs et la nature extérieure. Cette approche architecturale, alors peu commune en Europe, a été particulièrement bien accueillie dans le sud de la Californie en raison de son climat tempéré. En fait, le vitrage était encore loin de fournir une réponse thermique adéquate, donc c’est le climat doux qui a ouvert la voie aux « fenêtres panoramiques » et aux « murs de verre » des maisons de ranch.³⁸ C’est également en Californie que Wright a conçu et construit, à partir de 1919, une série de maisons avec des cours intérieures, de grandes surfaces vitrées et des fenêtres en verre à onglet. Bien que Wright n’ait pas favorisé les solutions coulissantes – préfère la coplanarité des fenêtres à battants – ce n’était pas le cas pour son collaborateur viennois Rudolph M. Schindler. En effet, dès ses tout premiers travaux, Schindler a fait un usage intensif des fenêtres coulissantes. À Kings Road House à West Hollywood (Californie, 1921-22), il a adopté une structure de plain-pied avec une relation directe avec l’extérieur grâce à des portes coulissantes en bois remplies de verre ou de toile.
Portes coulissantes dans la résidence de Schindler à West Hollywood (1921-22). À l’origine, les cadres coulissants étaient remplis de toile. En haut : Photo de Julius Shulman, 1953. En bas : Photo de Julius Shulman, 1991.
© J. Paul Getty Trust. Getty Research Institute, Los Angeles (2004.R.10).
34. Les shōji sont des panneaux translucides de paravents coulissants ou, plus tard, pliants. Les fusuma sont des panneaux coulissants opaques, parfois décorés de peintures.
35. Voir à ce sujet « Absorbing Modernity : Japan’s Glassmaking Tradition » dans Rem Koolhaas, AMO, Harvard Graduate School of Design, James Westcott (éd.), Elements, Marsilio, 2014, pp. 682-683.
36. Frank Lloyd Wright a été en contact avec l’architecture japonaise à l’âge de 26 ans, grâce au pavillon Ho-o-den (Phoenix) de l’Exposition universelle de 1893 à Chicago. Il visita ensuite le Japon en 1905, devint collectionneur et marchand d’art japonais et construisit l’Hôtel Impérial à Tokyo (1919-23). Toutes ces rencontres l’ont amené à révolutionner l’architecture domestique selon les principes japonais, non seulement dans l’adoption de motifs naturalistes et dans l’utilisation de paravents, mais aussi dans l’organisation des espaces intérieurs ouverts et, surtout, dans la promotion d’un intense intérieur. -relation extérieure dans son architecture.
37. « Les shoji en papier coulissants, ou écrans extérieurs qui remplacent les fenêtres et ferment les espaces intérieurs de la pièce (il s’agit en fait des murs extérieurs), glissent tous dans un renfoncement des murs. Eux aussi sont amovibles. Frank Lloyd Wright, Une autobiographie, Pomegranate Communications, p. 196 (publié pour la première fois en 1943 par Duel, Sloan et Pearce).